Michael Penn, un romancier franco-québécois, auteur de polars

Découvrez et partagez les aventures du commissaire Napoléon Cavana, dit "Napo" pour les intimes :

     Si vous aimez les enquêtes classiques et agréables à lire alors vous aimerez Napoléon Cavana (Napo pour les intimes) Pas de prise de tête. Pas de détails inutiles. Pas de remplissage pour noircir du papier. Un style clair et sans fioriture. Une écriture qui rejoint  le parler de monsieur et madame tout le monde. Pas de phrase académique. Pas besoin d'un dictionnaire pour comprendre.

     Mesdames, si vous êtes prêtes à craquer pour un métis antillais, beau mec, séducteur et plein de charmes alors vous aimerez Napo !

     Messieurs si vous êtes dragueurs, baiseurs et un peu macho, Napo devrait vous plaire !

     Avec "Vacances en eaux troubles" partez en Guadeloupe et faites connaissance avec le commissaire Napoléon Cavana Vous n'allez pas trembler, vous ne nagerez pas dans le raisinet, mais vous allez passer un agréable moment de lecture. Cette intrigue classique mais accrocheuse avec une pointe d'humour, devrait vous donner envie de suivre les autres enquêtes de Napo (voir le site de l'auteur http://www.Michael-Penn.com 

     Les enquêtes suivantes vous emmèneront faire un petit tour au Québec) : "Le monstre du Lac Noir"… aimer n'est pas toujours simple ! "Napo pète les plombs"… étrange et surprenant ! "La voyante était aveugle"…Napo devient privé ! "Os à m'Ouelle"… qui risque de vous dégoûter du saumon pour le reste de vos jours ! Ne sont que le début d'une série que les "accros" ne voudront pas manquer. N'hésitez pas à vous renseigner sur les dates de mise en marché en France (lien en attente). Pour le Canada allez sur le site de l'auteur. Toutes ces aventures viennent confirmer que si Dieu lui prête vie, Michael Penn devrait devenir un incontournable du polar genre "roman de gare". En conclusion : des heures de plaisir et de détente en compagnie du héros de la collection : Napo !

Pourquoi faut-il qu'un livre soit une prise de tête pour obtenir des critiques positives ? Un bon livre, pour moi, c'est celui où je n'ai pas eu envie de sauter des pages. Celui que je n'arrivais pas à lâcher. Celui où je n'ai pas été déçu par la conclusion. Celui qui durant quelques heures m'a permis de m'évader, de m'échapper, d'oublier le train-train quotidien et les misères du monde. Et, pour cela, une simple histoire bien ficelée me suffit.

                         "Vacances en eaux troubles"

     "Vacances  en eaux troubles"  est la  première enquête du   commissaire  Napoléon  Cavana,  à   paraître  aux Éditions du  Lac Noir.

                                              *****

Quand vous êtes "négropolitain*" il est normal que vous vouliez découvrir le pays de vos ancêtres, la Guadeloupe. Mais comment voulez-vous rester les bras croisés lorsque vous êtes flic et apprenez que :
     - le cadavre a pris sa voiture pour aller se noyer !
     - la police déclare : "c'est un suicide !"
     - une photo de votre cul circule à travers l'île ! et j'en passe…

Décidément, ce ne sont pas les vacances dont rêvait le commissaire Napoléon Cavana.

*définition dans le texte intérieur.

Extrait :

..." Dans la chambre 312 de l'hôtel "Saint-John",  une belle et  séduisante blonde aux yeux couleur de lagon, dans la vingtaine, vêtue d'un pyjama de satin fuchsia, arpentait nerveusement la pièce, grillant cigarette sur cigarette.

Brigitte ne supportait plus d'être touchée, palpée, caressée par les mains de ceux qu'elle   haïssait. Comment cette vengeance tant désirée avait-elle pu se transformer progressivement en une ambivalence malsaine ? Il est vrai, qu'à   l'époque, Serge n'était qu'un jouet de plus pour cette enfant gâtée, mais depuis quelques semaines   elle éprouvait pour lui de véritables sentiments. Comment réagirait-il s'il découvrait la vérité ? L'aimait-il assez pour comprendre et pardonner ? À trop vouloir, ne risquait-elle pas de tout perdre ? Le temps était venu de mettre un terme à cette   situation avant qu'elle ne vire au drame. Une dernière exigence, une seule, et une nouvelle vie pourrait commencer loin de toute cette boue. Alors, il ne resterait plus qu'à classer cet épisode, pas très reluisant, dans le tiroir des erreurs de jeunesse.

*

     Il était douze heures dans le hall de l'hôtel. Les gens allaient et venaient en tous sens, clients de   l'hôtel, du restaurant ou des boutiques attenantes.

Douze heures deux minutes, on frappa à la chambre 312.

Douze heures trois minutes, la jeune fille ouvrit sa porte.

Douze heures cinq, les présentations étaient faites.

Douze heures neuf, chacun savait à quoi s'en tenir.

Douze heures neuf et trois secondes…

– Salope ! cria un homme en balançant une violente gifle à la belle qui, sous l'effet du choc, perdit l'équilibre et alla s'éclater la tête contre le coin de la table de chevet.

Douze heures neuf et treize secondes. Après dix de stupéfaction, même le plus nul d'entre nous  en médecine aurait pu, sans se tromper, constater  la mort de la jeune  fille."

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                          "Le Monstre du Lac Noir"

  Les mêmes initiales que celles du Monstre du Loch Ness, mais vous n'y rencontrerez pas Nessy !   Par contre, si l'envie vous prenait de vous promener dans les bois, entourant le lac Noir, vous risquez d'y rencontrer une autre sorte de monstre...

                                          *****

     Napoléon  Cavana,  commissaire  en  Guadeloupe,  venait  de poser les pieds au Québec. Un tiers travail, un tiers vacances et un pour vérifier si Popol allait être aussi performant par moins trente que par plus quarante. Ça, c'est ce que Napo prévoyait ! Mais pourquoi fallait-il, qu'avec lui, rien ne soit simple ? 
     Pourquoi un banal accident de voiture allait-il déclencher  une  série  de  meurtres inexplicables ?
     Pourquoi une enquête, au demeurant si simple, allait-elle s'avérer si compliquée ? 
     Pourquoi ces blondes, brunes, rousses qui avaient des airs d'anges, n'en étaient-elles pas ?
     Rien ne fonctionnait  !  Même Popol  demeurait  désespérément  en  hibernation, jusqu'au jour où…

     La  libido de Napo allait l'entraîner,  une  fois  de  plus,  dans  des  histoires  pas possibles !

 Extrait :

 Après avoir loué une voiture à l'aéroport de Mirabel, le commissaire Napoléon Cavana prit la 15 sud en direction de Montréal. Il avait dû neiger  dans les heures précédant son arrivée, mais pas  assez pour effrayer un "aventurier des mers du  Sud". Il restait juste quelques traces sur les bas-côtés, pour lui rappeler qu'il n'était plus aux  Antilles.  À l'approche de Laval, la circulation se   mit à ralentir sérieusement. Il se trouvait  dans la file du centre. À sa gauche, dans une Ford   Mustang rouge, une fille splendide - du moins pour ce qu'il pouvait en voir - et  à sa  droite, un énorme et rutilant camion-citerne.

Pour passer le temps, Napo grignotait quelques cacahuètes, seul placebo qu'il ait trouvé pour ne  plus fumer. Un ralentissement brutal le ramena à  la  réalité. Pris dans ses rêveries, il faillit percuter la voiture qui le précédait, ce qui fit rire la belle dans sa Mustang. Il baissa sa vitre pour lui dire que c'était de sa faute, et que pour se faire  pardonner, elle allait devoir accepter une  invitation à dîner avec un touriste fraîchement débarqué. Son autoradio étant à fond, elle ne l'entendit pas.

Soudain, une explosion fit vibrer ses tympans.  Il porta les mains à ses oreilles pour se protéger du  bruit effroyable, indescriptible, insupportable, provenant de sa droite. Il eut l'impression qu'on  était en train de broyer un véhicule dans un    énorme moulin à café. Une véritable apocalypse de tôles froissées. Il tourna la tête dans la direction du vacarme, juste à temps pour voir un   amas de ferraille disparaître dans le cul du trente tonnes, comme un suppositoire dans le cul d'un   éléphant ! La pauvre voiture venait de s'encastrer  sous l'arrière du gros camion. Comme dans un   film au ralenti, il la vit s'enfoncer... s'enfoncer... et  disparaître entre les trente roues puis, ce fut le  silence ; un silence stressant, oppressant. Il espéra  que des plaintes, des cris, des hurlements, indiqueraient qu'il y avait des survivants, mais ce silence  morbide persista. Très vite, il y eut un attroupement. Comme toujours en pareil cas, chacun  donnait son avis. Napo était persuadé qu'il n'y  avait plus rien à faire. Le véhicule était réduit à  l'état d'une épave digne d'une compression de  César – sculpteur français – Aucun bruit… aucun  gémisse­ment… aucun appel…

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                                  "Napo pète les plombs !"

Les monstruosités ayant donné vie à ce roman sont basées sur des faits réels. Les lieux, noms et évènements ont été intentionnellement modifiés. Disons que cela se passe en Europe, dans les années 1990. Ainsi, nous espérons pouvoir préserver les survivants et ne pas raviver la douleur qu'ils sont condamnés à endurer.

     Bouleversé, éprouvé par ce drame horrible, et épuisé par vingt années à "patauger" dans la souffrance des autres, le commissaire Napoléon Cavana, Napo pour les intimes, va vivre personnellement, des heures insoutenables.

     Après "Vacances en eaux troubles" et "Le monstre du Lac Noir" Napo nous entraîne, une fois de plus, dans un final plein de suspense et de surprises, au-delà du réel ! Avec, comme toujours, une pointe d'humour :

"…Incapable de résister, Bébert entra dans le magasin, s'approcha d'elle et la caressa. Elle n'eut aucune réaction et pourtant, il était certain qu'elle avait aimé ça. Un jour, n'y tenant plus, sans la prévenir, il l'enfourcha… Il aimait la caresser, la flatter, suivre ses formes généreuses du bout des doigts. Il adorait son odeur, la douceur de la peau de son siège, le galbe de son réservoir, ses phares qui pointaient fièrement comme deux gros seins bien ronds et bien durs…"

Extrait :

"Lorsqu'elle arriva au bas des marches, elle resta  pétrifiée. Ce qu'elle vit était horrible. Elle se frotta les yeux, sans ménagement, pour faire disparaître  la scène de sa vue, persuadée qu'elle faisait un cauchemar. Grand-mère, allongée sur le carrelage,  baignait dans une mare de sang. Il y en avait  partout : le frigo et le mur en étaient aspergés.   Aline était incapable de bouger, de crier, de faire le moindre mouvement, les yeux rivés sur la  pauvre vieille qui se tenait le cou. Un filet de sang  s'écoula d'entre les doigts, les jambes s'agitèrent,  mues par un dernier soubresaut dû, certainement,  au relâchement des muscles. La pauvre gamine fit  un bond en arrière, heurta une chaise, lui donnant une nouvelle frayeur et s'affala sur le parquet, les mains dans quelque chose qui lui fit une sensation  bizarre. Elle tourna lentement les paumes vers ses  yeux, elles étaient entièrement rouges, rouge sang, le sang de sa grand-mère. Soudain un cri strident,   affreux, inhumain, celui-là même qui était resté coincé dans son gosier depuis plusieurs minutes, venait d'un coup de s'en échapper. Elle vomit sur sa chemise de nuit sans même s'en rendre compte,  alors qu'un autre bruit, provenant cette fois d'en haut, lui fit tourner la tête. Le cauchemar continuait. À plat ventre sur les marches, ondulant comme un reptile cherchant à échapper au chasseur, son père lui apparut. Les bras tendus dans sa direction comme pour l'implorer,  poursuivi par un homme portant une cagoule, une  arme dégoulinante de sang entre les mains. Une  fois, deux fois, dix fois, l'homme releva et enfonça la lame dans le dos de son père dont les yeux exorbités semblaient lui intimer l'ordre de s'enfuir.

     À nouveau, elle se retrouva dans l'incapacité de  bouger ou de hurler. Alors que l'assassin frappait encore et encore, dans un sursaut de courage,  inconsciente du danger, elle se précipita pour  tenter de prêter secours à son père, comme si son corps frêle allait pouvoir servir de rempart. C'est alors qu'elle vit arriver, dans sa direction, la lame  sanguinolente. Elle essaya de l'éviter mais n'en eut  pas le temps. Une douleur effroyable lui  transperça la poitrine."

 

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                               "La voyante était aveugle !"   

 Dans cette première enquête en tant que privé, l'ex-commissaire Napoléon Cavana nous entraîne, dans les rues de Montréal, sur les traces d'un tueur en série… Mystère, intrigue, humour et une pointe de sexe… du vrai Michael Penn !

*****

    Après Laurence, Muriel, Léocadie, Nadette, Josée était la 5ème et, à la cadence où il perpétrait ses crimes, ce n'était certainement pas la dernière. Pourtant, avec tous les indices qu'il laissait, la police aurait déjà dû l'épingler : empreintes, cheveux, poils, lambeaux de chair sous les ongles de la victime et viols sans préservatif. Se prenait-il pour l'homme invisible ? Ignorait-il, qu'à notre époque, il existe les analyses A.D.N. ? Se croyait-il assez intelligent pour déjouer indéfiniment la police ou, conscient de ses actes, faisait-il son possible pour se faire prendre ? Mais même avec toutes ces preuves, comment retrouver un clampin qui, à ce jour, n'était pas fiché et qui – mais ça la police l'ignorait – n'existait sur aucun fichier d'état civil ! 

Extrait : 

"Jamais Josée ne l'avait autant fait attendre et, ce soir, celui où il avait décidé de l'assassiner, c'est ce soir qu'elle était en retard comme si elle avait été prévenue de sa mort imminente. Et si elle ne venait pas ? Était-il possible que, juste ce soir, elle ait changé ses habitudes ? C'était la première fois qu'il prenait des risques d'aussi bonne heure. Habituellement, lorsqu'il pratiquait à l'extérieur, ce n'était jamais avant minuit. Par contre, à domicile, l'horaire était moins important ; le principal était que la personne qui avait eu la "chance" d'être choisie soit chez elle. Pour Josée, il avait fait une exception. Elle vivait avec une co-locataire. Il devait donc l'intercepter sur le trajet allant de son travail à son appartement. La montée d'adrénaline, causée par l'horaire, était un plus à sa jouissance et ce n'était pas pour lui déplaire. La charmante commissaire de police qui s'occupait de son cas allait encore vanter son culot à la télévision, exploit qui serait repris par tous les journaux du Québec ! C'était un pied de nez supplémentaire qui venait gonfler son ego et mettre du piment dans sa vie de reclus ou, comme le disait "Madame", de rebut de la société. Il avait longuement hésité. Le parc Lafontaine n'était pas un lieu particulièrement désert mais une voix intérieure lui avait déconseillé d'abandonner. La température était de son côté : par moins vingt-cinq les piétons sont rares et marchent d'un pas décidé, la tête basse. Avec son manteau noir à capuche et son foulard, il ne dénotait pas dans le paysage. Seule, sa stature pouvait pousser les gens à lever la tête en le croisant. C'était donc bien ce soir et pas un autre qu'elle devait mourir. Tout concordait : son ciel astral prévoyait que la fin de l'année allait lui apporter des tas de bonnes choses, on allait lui proposer une promotion, elle devait se réconcilier avec sa mère et elle allait rencontrer l'homme de sa vie. Tant de bonheur c'était trop ! Quant à l'homme de sa vie, il ne pouvait s'agir que de lui ! Il avait été séduit par Josée, dès sa première visite chez Bertha. Ça faisait maintenant quinze soirs qu'il reniflait discrètement son odeur à chacun de ses passages sur le chemin qui traversait le parc. Pas une seule fois elle avait dérogé à ses habitudes. Aucun doute possible, elle allait être son "cadeau" de Noël, son seul cadeau !  "Madame" ne lui en faisait plus, prétextant que les virées mensuelles chez Giselle lui coûtaient déjà assez cher."

 

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                                               "Os à m'Ouelle"   
     

     Un squelette dans la rivière ça peut être un accident. Deux, ce n'est pas de chance direz-vous mais sept, ça n'fait vraiment pas sérieux.

     Après avoir reconstitué le tas d'os retrouvés dans la Ouelle, la police dû se rendre à l'évidence : ces squelettes n'appartenaient pas à des disparus québécois.

     Le squelette avait-il traversé l'Atlantique à la nage, dans une valise par avion ou l'homme avait-il été trucidé ici ? Était-ce la maffia ou une bande criminalisée qui avait pris la Ouelle pour un cimetière ?

     Toujours est-il que si vous décidez d'aller à la pêche aux saumons, évitez de mettre les pieds dans l'eau et si vous avez la chance d'en attraper un, vérifiez qu'il n'ait pas les yeux bleus !

Extrait

Incroyable !!!

 

     Le plus incroyable n'était pas que Napo se soit levé à six heures ; non, le plus incroyable était ce qu'il allait voir et entendre en se baladant, avec Pierrot, au bord de la Ouelle. 

     – J'pensais pas vous voir à pareille heure, m'sieur Napo. D'habitude, les gens de la ville y se lèvent avec le soleil de midi.

       Pour tout vous dire, Pierrot, moi non plus je ne pensais pas que vous seriez à l'heure. Quand je vous ai vu quitter le bar, je me suis dit : "Demain, l'ami Pierrot il va avoir mal aux cheveux."

     Les deux hommes éclatèrent de rire en se tapant dans la main.

     – Bon! On va suivre la Ouelle. Voyez l'île, m'sieur Napo? Ben on va prendre vers la gauche. Par-là y'a quelques fosses intéressantes : celle de l'Île, celle du Rat Musqué, la C.N, la Pont Blanc, la Corde… c'en est plein. Surveillez aussi quand la rivière elle tourne et qu'ça fait un remous, p't'être que vous aurez la chance d'en voir un, bien que l'eau soit un peu rouge. Surtout, tombez pas dans la rivière, à c't'heure-ci elle est pas chaude et vous risqueriez de vous faire dévorer.

       Faudrait pas me prendre pour un nwefie*.

     – Vous connaissez ça, vous? Demanda Pierrot   en éclatant de rire.

* Terme injurieux employé autrefois pour se moquer des habitants de Terre-Neuve, qui eux, traitaient les franco-canadiens de frenchies. Avec le temps, cette expression est devenue une plaisanterie pour dire

à une personne qu'elle a l'air niaiseuse, lourde, épaisse.

    

        Les bêtises, c'est toujours ce qu'on apprend en premier, répliqua Napo.

     – On dirait qu'on n'est pas seuls! Interrompit Pierrot. C'est toi, Martin?

       Qui veux-tu que ce soit, ici  à pareille heure?

       T'as vu quelque chose, copain?

       Ouais! Regarde dans la glacière.

     Pierrot souleva le couvercle.

       Trois saumoneaux, déjà! T'as un secret?

       J'ai appris à pêcher dans la Ouelle avec mon père, ça fait plus de cinquante ans d'ça! C'est pas les saumons qui vont m'la faire. Contre un carton de bière j'pourrais p't'être te l'donner mon s'cret.

       Salaud!

       C'est bien parce que c'est toi. C'est qui, lui?

       C'est m'sieur Napo. Il vient écrire des choses sur nous et sur Saint-Pactole. T'as rien à craindre, c'est pas un saumonier, c'est juste un curieux de la ville, ajouta Pierrot en faisant un clin d'œil à Napo. Bon! Tu nous l'dis ton câlisse de s'cret.

     – Calme-toi, l'ami! Regarde, je suis équipé comme pour le requin, fit Martin en désignant son fil de pêche. Pareil pour l'ham'çon. Même au bout, j'ai tout changé. Fini les mouches, les streamers, les patridges, les gamakatsus et autres bébelles qui coûtent une fortune et qu'y t'bouffent à chaque lancer. Maintenant j'leur file un ver de terre et c'est du pareil au même. N'importe quelle merde que tu leur donnes, y t'la dévore. L'autre jour, j'ai amené mon p'tit fils Alexandre. T'sais, le garçon qu'ma fille elle a eu avec le gars qui a la couleur comme     m'sieur là. S'cusez, c'est juste pour dire.

     – Y'a pas de mal, je n'ai pas de problème avec ma couleur.

     – Bon! Reprit Martin. Ben avec mon p'tit on a pêché toute la journée sans rien prendre d'autre que ces enfoirés d'saumons. On dirait qu'y z'ont bouffé tous les autres poissons. J'en suis même à me demander si y'en a pas qui passent leur vie dans la Ouelle. Tu connais Bébert, le fils à Mathias, ben y paraît qu'cet hiver il a fait un trou dans la glace pour le brochet et qu'il a sorti un saumon de vingt livres. Il en a parlé à personne pour pas passer pour un asti d'menteur, mais moi, j'suis prêt à le craire.

       C'est ça, m'sieur Napo, que j'voulais que vous entendiez d'une autre bouche que la mienne.

       Si je comprends bien, vous êtes en train de me dire que les saumons auraient mangé tous les autres poissons et qu'ils ne repartiraient plus dans l'océan après avoir frayé dans la Ouelle? 

     – J'sais qu'c'est pas tellement crayable mais nous, les vieux d'ici, on dit ce qu'on voit.

       Ouais! Même que ça m'étonnerait pas que ça soit la faute de c'que les usines et les agriculteurs jettent dans l'fleuve, enchaîna Martin.

     – Sans parler du réchauffement de la planète, coupa Pierrot. J'ai entendu, à la tévé, que sur certaines plages de France y'avait des phoques! T'imagines, des phoques en train d'prendre leur bain d'soleil en compagnie de m'dame Bardot!

    

     Napo éclata de rire. Sur quelle planète avait-il atterri? Était-il en présence des deux "simplets" du village?

      – T'as beau essayer de faire le drôle, moi j'te dis qu'c'est pas normal et c'est pas le réchauffement de la planète! Répliqua Pierrot. Si c'était l'cas, toutes les rivières, elles seraient pareilles. Quant à la pollution, d'après moi, ça devrait rendre nos poissons malades alors qu'y z'ont jamais été autant en santé. Tu connais Marie, l'infirmière, ben elle m'a raconté qui s'passe pas une semaine où un pêcheur se r'trouve à l'hôpital pour s'faire réparer un doigt bouffé par un saumon. 

       Tu m'surprends pas copain. Y sont si voraces qu'si on remplaçait not' fil nylon par du fil d'acier on pourrait les prendre à la même cadence que les poulamons  à Sainte-Anne-de-la-Pérade.

     – Excusez ma curiosité mais, c'est quoi vos poula… je sais pas quoi?

     – Les poulamons… c'est des p'tits poissons longs comme la main qui remontent les ch'naux l'hiver quand l'eau est gelée en surface. Peut y avoir jusqu'à deux mille cabanes sur la glace. Chacun fait ses trous pour pêcher et j'en ai vu qui ramenaient deux ou trois cents poissons dans une journée. Faudra que vous y alliez, m'sieur Napo.

     – Pourquoi pas. Le Québec est mon nouveau pays, je veux tout voir et tout connaître. Mais pour l'instant ce sont vos histoires de saumons qui m'intriguent, parce qu'à vous écouter, c'est pas des saumons qu'il y a dans la rivière mais plutôt des piranhas. C'est comment dans les autres rivières de la région?

     – Ben… d'après ce qui se dit, seule la Ouelle serait infestée. T'en penses quoi, Martin?

     – Je pense comme toi! Vous savez, m'sieur Napo, on n'ose pas trop en parler pour pas se faire achaler avec ça.

     – C'est bien beau mais si personne n'en parle, ça ne va pas s'arranger tout seul!

     – C'est vrai, mais quand on a trouvé le truc pour les attraper, c'est quand même mieux un saumon de vingt livres qu'une truite ou une perchaude qui sont pas plus grosses que des sardines.

     – J'en ai parlé au maire, il compte tirer parti d'ça pour la commune, rectifia Pierrot. Il a dit : "Si c'est vrai, après le festival du roman policier, on va pouvoir créer le festival du saumon".

     – Il y a longtemps que vous êtes confrontés à ce problème?

     – D'après moi, j'dirais que tout a commencé y'a environ quinze ans.

     – Quinze ans! S'esclaffa Napo.

     – Ouais, mais ça été p'tit à p'tit, ajouta Pierrot.

     Sur ces belles paroles, Martin balança un coup de pied dans sa glacière qui s'ouvrit. Les trois saumoneaux, qui se voyaient déjà en darnes ou en filets, n'en croyant pas leurs ouïes, donnèrent en chœur trois coups de queue et plongèrent dans la rivière.

       Qu'est-ce tu fais? T'aurais-tu mangé un pain sur la tête? Hurla Pierrot.

       J'les r'mets à l'eau! T'avais qu'à pas me faire craire qu'y z'étaient cannibales…

       C'est pas ce que j'ai voulu dire, coupa Pierrot.

     – Et l'histoire de ton infirmière, c'est pas vrai    p't'être!

       Quand j'ai dit que des pêcheurs s'étaient fait bouffer un doigt, heu… j'voulais dire qu'y s'étaient fait mordre, c'est tout!

     – Ouais, bé moé, plus j'les observe et plus j'trouve qu'ils ont les dents bien trop longues et bien trop affûtées à mon goût! Y'en a même un, j'ai trouvé qu'il me regardait d'un drôle d'œil. J'crois même qu'il avait les yeux bleus, t'sais comme la fille à Vladimir, le Russe qu'habite l'ancienne maison des Roy. T'sais, celle que les gars du village y z'appellent la sorcière!

     Napo était plié de rire.

     Manquait plus qu'une sorcière!

     – Martin, ta ligne! J'crais ben qu'ça mord.

     Martin sortit son couteau suisse de sa poche, l'ouvrit et, d'un coup sec, sectionna son fil de pêche devant les yeux médusés de Pierrot.

     – J't'ai dit qu'j'en voulais plus! Rien qu'à l'idée qui pourraient s'nourrir des charognes transportées par la rivière, berk! J'ai envie de dégueuler.

     Napo remarqua un important remous en aval.

     – Regardez, là-bas! Fit-il fièrement en montrant du doigt un arbre couché dans l'eau.

     – Pfff… c'est encore eux, souffla Pierrot.

    Il prit un caillou qui traînait sur l'herbe et le jeta en direction du remous. Lorsque la pierre frappa la surface de l'eau, l'imposant bouillonnement se déplaça d'un coup hors de la fosse.

     – Vous pensez qu'il y en avait combien? Questionna Napo.

     Pierrot et Martin répondirent en chœur :

        Au moins une bonne trentaine.

       Martin, tu penses qu'y bouffaient quoi?

       J'sais pas et j'veux pas l'savoir!

     Napo, qui n'avait pas quitté l'arbre des yeux, fit remarquer aux deux hommes que quelque chose semblait flotter entre deux eaux.

     – Vas-y voir toi, dit Martin à Pierrot. Moi, je range mon matériel et je rentre à la maison. J'crais ben qu'ma saison d'saumons est  foutue.

     Napo, un peu gêné et ne voulant pas être la cause de la déception du saumonier, resta à ses côtés pour lui tenir compagnie pendant que Pierrot longeait la Ouelle vers l'objet flottant.

      Nom de Dieu! Hurla-t-il. C't'un cadavre!

     – Manquait plus qu'ça! Quelle sorte? Cria Martin avant d'ajouter : "J'savais ben qui fallait pas qu'je les bouffe".

     – J'crais ben qu'c'est un macchabée comme nous autres.

     Napo et Martin se précipitèrent. Il ne faisait aucun doute : un cadavre, ou plutôt ce qu'il en restait, était accroché dans les branches de l'arbre en question. Immédiatement, Napo pensa au fils Lavoie disparu la veille, mais il se ravisa. Il ne restait plus qu'un squelette ; les saumons n'avaient pas pu effectuer ce dépeçage en si peu de temps. Les restes du fils de Jacinthe, l'autre disparu, paraissait plus vraisemblable.

     – Touchez à rien! Ordonna Napo en s'éloignant un peu. Je vais prévenir le policier que j'ai rencontré hier.

     – Aucun risque, m'sieur Napo, répondit Pierrot.

     – Pour sûr! Aucun risque, répéta son compère.



22/10/2008
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